dimanche 9 août 2009

CAPBRETON réactions d'Anne

CAPBRETON vécu par Anne « le chat »

Vue de la cabine et du carré, la situation est cauchemardesque.
Guy et Benoît, son fils de 14 ans, sont blottis dans la couchette arrière, malades comme des chiens. Jérôme, 14 ans lui aussi, sous Nautamine, dort sur la banquette du carré, coincé le long de la table.
Alain à la barre, enfoui dans son ciré, disparaît régulièrement sous l’écume des vagues qui fouettent le pont.
Toutes les places étant occupées, je n’ai comme ressource que la cabine avant. Impossible de trouver une position qui me permette de m’agripper sur la couchette double. Ballottée dans tous les sens par la tempête, couchée sur le ventre, les bras en croix chaque vague me soulève d’au moins 15 centimètres. Le bruit est infernal, les craquements du bateau épouvantables, j’ai mal pour lui.
Régulièrement je traverse le carré pour apporter un morceau de pain, un œuf dur ou une tomate à Alain. C’est le parcours du combattant : il y a 20 centimètres d’eau dans le bateau. Les estomacs s’étant vidés, sur la surface flottent des trucs pas très ragoûtants. Je suis jambes nues pour ne pas salir mes vêtements. Je me cogne partout, je m’accroche ou je peux, j’ai failli tomber lourdement sur la tête de Jérôme en passant, je glisse sur les marches de l’escalier qui monte sur le pont, je tends enfin la nourriture à Alain qui me remercie d’un pâle sourire et m’assure que tout va bien. Je redescends tant bien que mal, m’assois sur ma couchette et m’essuie les jambes avant de me rallonger et de reprendre mes sauts de carpes. Je fais comme ça une quinzaine d’allers retours. De temps en temps je rêve qu’Alain est tombé à l’eau. Quand le cauchemar va-t-il finir ?
A ma dernière visite, Alain me dit qu’on va entrer dans le port de Capbreton, que je dois m’accrocher. Debout dans le carré, j’attends …. Tout d’un coup, par le hublot je vois le sommet d’un phare rouge …. et puis plus rien. Un silence assourdissant … puis des applaudissements, des gens qui parlent, la voix d’Alain, je sors, nous sommes arrivés, c’est le port, on nous amarre, il y a un monde fou autour de nous. Après je ne sais plus très bien. La douche froide au jet devant des centaines de gens chaudement vêtus, Alain à poil, moi en slip (je ne suis pas exhibitionniste). Je crois que c’est la meilleure douche de ma vie.
Et puis j’ai très faim. Nous allons manger des fruits de mer « Chez Salsamendi » sur le port. C’est la première fois qu’un restaurant tangue à ce point, impossible de rester droite devant mon assiette. Après plus de douze heures dans la tempête, il parait que çà s’appelle le «mal de terre »

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire